Nous avons connu Jeremy Boomer grâce à Arthur SALKIN, fondateur de Bhaluu, entreprise de construction à faible émission carbone, avec qui nous avons aussi fait un entretien et podcast très intéressant.
Si Arthur nous a parlé de sa solution de construction durable par une technique d’assemblage innovante, il nous a aussi indiqué l’importance de choisir des matériaux durables, et notamment par le biais de l’entreprise Natura Mater, cofondée par Jeremy Boomer en 2020 et aujourd’hui en pleine croissance.
Solution de « sourcing » de matériaux durables pour la construction, un entretien très intéressant en podcast, ainsi qu’un résumé des principaux messages, sont disponibles ci-après.
Voici un résumé des principaux messages >
+ Constat à l’origine de la création de Natura Mater : l’accès aux matériaux responsables, durables, en économie circulaire était très difficile, et bien qu’architecte et issu du secteur de la construction
+ L’industrie de la construction et de la promotion immobilière, grosso modo, c’est un tiers de l’impact environnemental mondial, production de déchets ou émissions de gaz à effet de serre
+ Le secteur s’est beaucoup concentré sur la performance des bâtiments, mais 50 % de l’impact du secteur sur l’ensemble de la durée de vie d’un bâtiment, sont les matériaux de construction.
+ Au stade de construction, on atteint déjà 50 % de l’impact total du bâtiment sur son cycle de vie.
+ En Europe, de nombreuses solutions se mettent en place pour remplacer les matériaux conventionnels ; le challenge est de passer les matériaux durables de la niche à la norme.
+ La mission Natura Mater : accompagner les professionnels de la construction dans le choix, l’achat et la mise en œuvre de matériaux durables, géo-sourcés, biosourcés sur des marchés circulaires locaux.
+ Chacun voit la durabilité un peu différemment ; pas juges, mais avocats, le but est de donner la bonne information.
+ Un « No go » tout ce qui est pétrochimique ; pour isoler Bruxelles, il faudrait 2 millions de m3 de polystyrène, c’est inconcevable, il faut trouver d’autres solutions.
+ En cours une digestion de toutes ces nouvelles contraintes énergétiques en Belgique, comme en France et pays limitrophes. Un focus très « data » des émissions de la consommation
+ Ces « data » doivent s’analyser sur le cycle de vie complet des bâtiments, en réfléchissant à une empreinte globale, pas locale pour atteindre nos objectifs.
+ Le marché a commencé par emballer/isoler tous les bâtiments de plastique avec une série de désagréments qui sont liés à la physique des bâtiments, les empêchant de respirer
+ Des contraintes de systèmes de ventilation à double-flux mécaniques en ville qui s’encrasse au bout de six mois.
+ Un renforcement constant de la technologie et finalement la dérive des plastiques pour arriver à vivre dans un bâtiment sain et soi-disant moins énergivore.
+ La conscience concernant le CO2 ne doit pas être exclusive et nécessite aussi de ne pas inonder nos océans de plastiques. Le développement durable, c’est l’atmosphère autant que nos océans.
+ Des alternatives sont nécessaires. 7 000 ans d’histoire de construction en terre, paille, bois… ce ne sont pas des inventions farfelues, mais des technologies qui ont fait leurs preuves pendant des années.
+ Tous ces matériaux existent, doivent être compris et redisposés dans les chantiers, aussi intégrés dans la réglementation / les attestations techniques.
+ Un combat à mener : énormément de matériaux durables sont aujourd’hui matures ; des petites productions locales et artisanales, mais aussi des industriels
+ Natura Mater, entreprise fondée en 2020, présents en Belgique et au Luxembourg, principalement pour les chantiers, six personnes aujourd’hui, cinq fondateurs, autour de 150 producteurs partenaires partout en Europe
+ Depuis six mois, en forte croissance. L’entreprise remporte des programmes immobiliers, aujourd’hui dans une phase d’attaque à l’international.
+ Un business modèle est innovant : suivre les matériaux durables de leur fabrication à leur mise en œuvre, enlevant les freins, travaillant avec l’ensemble des acteurs, développant la connaissance et l’information jusqu’à proposer un service un peu plus classique de négoce de matériaux
+ Une infrastructure européenne de l’entreprise, des processus digitaux, constituée sans frontières.
+ Un exemple client >
- Un des plus gros constructeurs de BTP en Belgique, construisant son siège à Bruxelles. Une dynamique aujourd’hui confrontée au RSE, des investisseurs voulant investir durable
- Accompagnement du client et l’architecte du projet convaincu sur la durabilité ;
- Un bâtiment structure bois, fibre de bois à l’intérieur, un matériau suffisamment mûr pour des projets d’ampleur
+ La laine de bois est plus ou moins au prix de la laine de roche ; un retour sur investissement gagnant en terme d’image et de bilan carbone sur un bâtiment entre 1000 et 3 000 m³ d’isolant ; cinq kilos de CO2 en moins au kilo de matière produite ; défiant toute concurrence, la presse en parle.
+ De la conception, le mieux pour changer les systèmes constructifs et proposer matériaux réfléchis ; intervenir à tous les stades de la construction même au stade chantier post permis
+ Aujourd’hui avec nos solutions durables, nous pouvons tout remplacer à part peut-être l‘étanchéité toiture plate.
+ De l’audit de l’ensemble du bâtiment ou du projet : Le prix de l’énergie flambe et la laine de roche, c’est beaucoup d’énergie consommée
+ Une évolution positive, les entreprises du BTP appelle au moment du chantier ; les cahiers de charges ont évolué.
+ De nouvelles contraintes, de nouveaux matériaux : un changement d’habitudes dans les comportements d’achat surtout ; le sujet du réemploi ; les délais de livraison des produits conventionnels beaucoup plus longs aujourd’hui
+ Un soutien au directeur de programme se retrouvant un peu seul face à un dossier et 30 nouveaux produits/matériaux durables
+ Le produit innovant phare en ce moment : la laine de bois, pour sa maturité, certificat, processus industriel ; tous les industriels s’y sont mis.
+ Aussi, les fibres à régénération plus rapide ont beaucoup de potentiel : comme la fibre d’herbe (Gramitherm), fibre de paille, pour des panneaux isolants.
+ Le gros sujet à venir va être la terre crue / le kaolin par exemple. Vivre dans une maison en terre crue est possible
+ A Bruxelles, un travail actuel sur des charpentes en terre crue, terre crue d’excavation urbaine ; aussi sur le projet du Grand Paris, la terre est une ressource abondante
+ La terre crue est en train de regagner ses lettres de noblesse ; sans devoir la peindre, une qualité d’air l’intérieur
+ Le vrai challenge, finalement, c’est que tout le monde va vouloir le changement en même temps. Les nouveaux matériaux : tout le monde s’y met et que tout le monde y croit
+ Problème potentiel d’inadéquation entre l’offre de matériaux durables et la demande en pleine croissance
+ Dans un contexte difficile ou inflationniste sur la chaîne de production, l’accompagnement des filières dans la croissance sera un vrai challenge.
+ Maitriser un bilan carbone en bio sourçant avec les fibres végétales sera plus simple dans ce marché tendu, avec notre taxonomie européenne, le nécessaire réemploi, ou la R2020 en France
+ Nous n’avons pas le choix, il faudra passer aux matériaux durables, notre biomasse a un grand potentiel.
+ Les investisseurs, les constructeurs, comme les architectes, sont tous en train de chanter en chœur que la durabilité est leur spécialité ; tout le monde se presse pour avoir son bâtiment exemplaire.
+ La législation / lois européennes : nous ne sommes pas à l’abri d’un petit revirement, mais les pouvoirs publics donnent un message clair, la législation avance (malgré les difficultés de trouver un compromis à 27).
+ Le coût : pour les projets intelligemment conçus aujourd’hui et depuis la crise ukrainienne, les coûts d’un projet durable sont équivalents aux prix conventionnels ou non durables
+ L’enjeu est aussi de la montée en compétences de la main d’œuvre qui va en s’améliorant avec l’expérience ; les ressources sont là.
+ Le développement Natura Mater :
- Un écosystème aujourd’hui autour de Bruxelles, une vision claire de cet écosystème mur et mature et des matériaux apportés sur les chantiers
- une infrastructure aujourd’hui déjà européenne se nourrissant de filières à travers l’Europe
- un modèle à dupliquer sur 2/3 ans en ouvrant des satellites dans une dizaine de villes / de personnes hautement qualifiées ; une levée des fonds.
- Chaque satellite aura une équipe pouvant apporter la connaissance à un écosystème, à l’architecte, l’entrepreneur, prenant en compte la spécificité d’un marché, du pays, de la région
+ La clé : s’adapter au territoire, aux ressources : terre crue, fibres végétales, autres. Quels sont les matériaux circulaires qui ont un haut potentiel ? Quels seront les matériaux potentiellement recyclés intéressants. Beaucoup de choses/produits se développent.
+ L’innovation et entreprises inspirantes >
- BC materials: des architectes pionniers de la terre crue, pour enduit, belle solution de chapes aussi techniques
- Permafungi : récupération le marc de café des cafés bruxellois pour produire des champignons urbains vendus en supermarché, utilisation du substrat des champignons pour en faire des panneaux isolants (mycelium), un sujet important de la construction du futur
+ Contacter Jeremy Boomer au travers le site web de l’entreprise : Natura Mater
Solution de « sourcing » de matériaux durables pour la construction, un entretien très intéressant en podcast disponible ci-après.
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