L’EPR français est le principal sujet de discussion sur le nucléaire – Bernard Laponche, ingénieur expert sur la question du nucléaire, nous donne dans ce podcast « Un déjeuner chez Bernard » les principaux éléments de compréhension.
La vision du spécialiste Bernard Laponche sur l’EPR Francais, voici ses principaux messages résumés ici >
+ EPR, avant émanant d’une coopération dans les années 80 essentiellement entre les français et les allemands (Siemens), donc appelé European Pressurized Reactor
+ En 1998 l’Allemagne décide de sortir du nucléaire, effectif en 2009 – l’acronyme fut renommé Evolutionary Power Reactor (filière française vendue par Areva)
+ 1er achat d’un EPR par la Finlande en 2004 (sans pour autant en avoir testé ou construit un seul en France), ainsi que la décision de construire un premier EPR en France à Flamanville
+ EPR est promis comme bien plus puissant à 1600 MW, plus sécure en cumulant les protections françaises et allemandes, il devrait couter environ €3 Mds pour une durée de construction de 5 ans clé en main, avec cout estimé de 43€/MW – Cela semblait trop beau pour être vrai
+ l’EPR est tout de même basé sur la même technologie/filière que le réacteurs initiaux (uranium enrichi, eau sous pression REP/PWR), mais c’est un EPR nouvelle génération, la 3eme génération de réacteur de cette même filière
+ Vendu comme plus sécure (récupération de corium, double cuve…) mais cette 3eme génération ne prévoit pas le scenario de l’accident grave de fusion du réacteur par perte de refroidissement , ce qui est une faille
+ En Finlande, démarrage des travaux 2004 pour une livraison initialement prévue 2009 > la centrale n’a toujours pas démarré (en 2021) ! La centrale française n’a pas démarré non plus.
+ Par contre, la Chine construit 2 réacteurs, en 2007 , le 1er a démarré en 2019 qui a marché à pleine puissance le plus puissant du monde, incertitude sur le second réacteur.
+ Les EPR Européens: une durée de construction passant de 5 ans à pratiquement 20 ans, le cout est passé de 3 à €19Mrds d’après la cour des comptes, et ce n’est toujours pas fini
+ Pourtant EDF construisît 6 réacteurs par an dans les années 70
+ Erreurs de conception, mais aussi les choses ont été mal faites
+ Problèmes multiples : coulage de la dalle en béton raté, arrêt de chantier, 3 ans de retard, chantier mal organisé, entreprise extérieures sur un contrôle qualité déficient, pas de chef de projet EDF
+ En 2009, 3 autorités de sureté de nucléaire (France, Finlande, UK) pointent une déficience du système de contrôle de la centrale (problème de conception et d’indépendance du système); reprise avec 3 ans de retard
+ Problèmes des soudures des parois, de la console du pont polaire (fissures) ; EDF fut obligé de tout remplacer
+ Problèmes sur les circuits complexes, les soudures non-conformes, à refaire, y compris sur l’enceinte de confinement, destruction envisagée, accord éventuel sur une solution robotique restant à être réaliser
+ Problème du fond de cuve déjà soudé, un acier un taux de carbone trop important; une autre malfaçon sur le couvercle de la cuve après falsification des certificats de contrôle ;
+ Les malfaçons finalement autorisées (6 ans pour un nouveau couvercle) par le décret de 1er ministre Manuel Valls; une dérogation autorisée sous condition de changer ce couvercle en 2024; une faute
+ Autres problèmes, soupapes, vannes, vibration inexpliquée du contrôle de commande …
+ L’histoire de l’EPR Français lui est lamentable: fautes techniques, fautes de conception, fautes d’organisation, manque de compétence des entreprises extérieures et du maitre d’ouvrage EDF
+ Réelle “perte de compétence de EDF” sur le nucléaire: les problèmes de l’EPR
+ Une inquiétude sur le maintien de l’état du parc des réacteurs existants jugés en mauvais état (rouille, fragilité, pannes régulières); l’ASN est aussi très critique sur son état
+ Aucune enquête de l’état, aucune sanction, une étude en 2019 sur la catastrophe industrielle de l’EPR mais sans conséquence
+ Les conditions de l’EPR chinois, le seul qui marche, sont inconnues
+ Les retards des EPR créent une pression sur le parc existant, rester en opération malgré leur mauvais état pour assurer les besoins énergétiques de la France
+ De nouvelles dérogations à attendre sur la fin de vie du parc existant au delà de 40 ans, normalement un maximum
+ Un manque de réelle réflexion politique sur la place du nucléaire depuis les années 70 : le nucléaire coute plus cher que les renouvelables, sans prise en compte des risques sur la sureté
Bernard Laponche, né en 1938, est un ingénieur français Polytechnicien, docteur ès sciences, il a travaillé au Commissariat à l’énergie atomique et été responsable syndical à la CFDT dans les années 1960 et 1970, puis directeur général de l’AFME et conseiller technique de Dominique Voynet. Il est maintenant consultant international dans les domaines de l’énergie et de l’efficacité énergétique et membre des associations Global Chance et Énergie Partagée.
Les Génies de la Planète (@geniesplanete ou www.geniesdelaplanete.com), ou l’écologie par les créateurs de solutions propres, est un blog + podcast résumant les principales idées ou solutions propres de ces génies, scientifiques ou entrepreneurs, œuvrant pour la préservation écologique de notre planète
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