« Pas de leçons mais des solutions en réconciliant l’écologie avec l’économie » est l’esprit de Bertrand Piccard, médecin, explorateur et entrepreneur œuvrant aujourd’hui dans sa Fondation Solar Impulse.
Ses convictions et son action sont exposés dans son livre ‘Realiste’ et le podcast Time of the Planet’ en faveur de l’écologie.
Voici les principaux messages résumés ici >
> Quand il y a une crise, sa casquette de psychiatre comprend que nous pouvons choisir de nous positionner entre victime et acteur, l’accepter pour qu’elle devienne une aventure, apprendre à utiliser notre problème pour grandir (thérapies de crise)
>Nous vivons une crise environnementale, sociale, humaniste, spirituelle, crise économique, et il faut absolument arriver à évoluer, trouver d’autres manières de penser, de faire, de se comporter, d’agir sur l’environnement, agir sur le monde financier, sur le monde politique.
>Si la crise s’enlise, nous n’arriverons plus à en sortir
>Avec Solar Impulse, le tour du monde en avion solaire, il a fallu atteindre des buts a priori impossibles, avec des énergies renouvelables et les technologies propres, sans pétrole et sans émissions polluantes
>Frapper les esprits et acquérir de la crédibilité pour proposer des solutions partout dans le monde
>Pour protéger l’environnement, promouvoir les technologies propres ou les énergies renouvelables, ces solutions doivent être économiquement rentables
>Solar Impulse a changé la vision des énergies renouvelables surtout dans le monde politique mais aussi dans le monde économique.
>La vision d’avant : les énergies renouvelables (ENR) devraient être subventionnées, intermittentes, chères, difficiles à installer ;
>Aujourd’hui, nous savons que nous pouvons faire le tour du monde avec ces énergies renouvelables; ce tour du monde, bien que symbolique, rend la vision des ENR plus concrète, pratique, plus terre à terre
>Depuis 50 ans, la protection de l’environnement est présentée de manière plutôt philosophique, de vivre en harmonie avec toutes les espèces, avec des ressources naturelles, des sacrifices (couteuse, décroissante)
>Cette vision impliquant la décroissance a effrayé beaucoup de monde, empêche d’avancer, de prendre des mesures politiques contre la pollution
>Essayer de réconcilier l’écologie et l’économie : une vision de l’écologie acceptable, enthousiasmante pour le monde économique, pour le monde financier, pour le monde politique
>Tenter de casser le paradigme d’une écologie qui coûte cher pour devenir une écologie qui peut séduire les industriels, le monde politique, en parlant leur langage
>Aller vers les chefs d’État et les entreprises proposant des types de technologies, des sources d’énergie créant des emplois en restant profitable
>De nouvelles opportunités industrielles, faire tourner le système économique sans détruire la nature tout en réduisant les factures énergétiques : un message qui passe
>La raison d’être de la Fondation Solar Impulse aujourd’hui : L’objectif a priori impossible des 1000 solutions à la fois rentables et bonnes pour l’environnement est atteint
>Le label Fondation Solar Impulse : aujourd’hui le premier seul label qui certifie la rentabilité financière d’une démarche écologique
>Convaincre des startups ou des grandes entreprises de soumettre des dossiers pour ce label.
>La fondation coopère avec des experts indépendants, labélise tout en ayant pour critères des solutions concrètes, disponibles (time to market), capables de protéger l’environnement, et financièrement rentables tant pour le producteur que le consommateur
>Avec la masse critique de la Fondation aujourd’hui : un effet d’aspiration de toute la chaine de valeur, des incubateurs, des fonds d’investissement, private equity, venture capital ou le réseau de « cleantech »
>A la critique d’être un technophile : sans penser que la technologie va sauver la planète, c’est bien ce qu’on en fera qui va la sauver
>Exemple de techno aberrante : en saupoudrant les hautes couches de la stratosphère avec des nanoparticules pour réfléchir le soleil, compenser l’effet de serre qui fait chauffer l’atmosphère : c’est dangereux tout en incitant à continuer émettre du CO2.
>Les technologies peuvent être efficientes, économiser l’énergie, fabriquer de l’énergie propre, isoler les bâtiments, proposer de nouveaux systèmes de chauffage
>Le but est de diviser par deux la consommation d’énergie par des mesures d’efficience et produire le besoin résiduel avec des énergies renouvelables ; dans 10 à 20 ans, de la diviser par quatre.
>Un vrai intérêt économique ou financier à devenir écologique : 1300 solutions dans le monde identifiées/labellisées aujourd’hui : un argument fondamental pour tous les acteurs
>Sur le risque d’effet rebond (Paradoxe de Jevons, 1865), une solution poussant à une plus grande utilisation des ressources in fine : une solution efficiente peut être positive, aussi grâce à la règlementation, la taxe carbone, la réduction de sa facture énergétique, une nourriture de meilleure qualité, une consommation plus locale
>Beaucoup d’acteurs, notamment Jean-Marc Jancovici, insiste beaucoup sur la nécessité de la décroissance, contrainte ou anticipée, mais tout dépend de quelle décroissance
>Décroître la pollution, l’inefficience, la démesure, le gaspillage… est nécessaire. Décroître les salaires, les retraites des assurances vie, le tissu social est absolument à éviter
>Les actionnaires des grandes entreprises multinationales sont des caisses de retraite, des caisses de pension, la retraite de gens en fin de vie qui ne peut être coupée ; sans richesse, pas de redistribution possible.
>Un système économique basé sur une consommation à outrance, le volume, les marges et salaires faible est une impasse ; la création de valeur ou de richesse doit au contraire être couplée à la qualité de l’efficience
>Opposer l’environnement et l’économie rentable est contre-productif – un autre type de produits ou d’industrie est possible
>Exemple : un système qui récupère la chaleur des cheminées d’usine pour les recycler dans l’usine : une immense réduction de facture énergétique, de pollution ; un débouché industriel
>Exemple : 20.000 décharges publiques dans le monde, émettant jour et nuit du méthane, 28 fois plus grave que le CO2 en termes d’effet de serre : une entreprise récupère ce méthane pour alimenter des foyers en énergie pour leurs consommateurs, évitant le méthane dans l’atmosphère.
>Les gens ne doivent pas se ruiner pour protéger l’environnement : des solutions rentables pour l’entreprise et le consommateur augmentant son pouvoir d’achat, réduisant les inégalités dans le monde
>Changer les pays en développement par la décroissance est impossible sans révoltes ou bains de sang : offrir des solutions permettant de développer le niveau santé, la qualité de vie, l’accès à la démocratie
>Exemple : Schlumberger, une entreprise de forage pétrolier, se diversifie dans le forage géo thermique en ville pour mettre des pompes à chaleur dans les immeubles, consommant quatre fois moins d’énergie.
>Exemple : Engie investit chez le client pour une économie d’énergie, et partage avec les clients le fruit de l’économie réalisée ; un nouveau business model en cercle vertueux (gagner en vendant moins d’électricité)
>Le travail de la Fondation Solar Impulse et ses 1300 solutions labellisées est aujourd’hui de permettre à ces solutions finalement concrètes de se déployer, même les solutions de niches, tout en permettant toutes leurs applications car les problèmes ne sont pas toujours identifiés
>Appliquer la théorie du piranha : quand vous êtes dans une rivière en Amérique du Sud, un piranha qui vient vous mordre n’aura pas d’effet. S’il y en a 1300 qui arrivent en même temps, vous êtes un squelette en 2 minutes.
>Pas une solution miracle, le miracle vient du fait qu’il y a autant de solutions. La contribution de toutes produira un effet significatif ; on peut agir dans absolument tous les domaines de manière rentable
>La population refusera les solutions non rentables (gilets jaunes…)
>Le grand problème : tous les standards et toutes les normes correspondant aux technologies archaïques ; c’est une autorisation à polluer. Le cadre législatif doit aussi s’adapter aux nouvelles solutions efficientes qui existent
>Les politiques suivront s’ils comprennent que ces solutions efficientes et rentables existent, grâce à notre boite à outils.
>Il faut absolument créer une nécessité législative pour tirer sur le marché ces produits ou solutions rentables
>Exemple : la solution ‘anti smog’, un boitier sur un moteur de voiture diesel, coutant 500 euros réduisant 20% de la consommation et 80% des émissions polluantes ; un taxi rentabilise en 6 mois.
>Les normes doivent être plus sévères en termes d’émissions de particules, compte tenu de solution permettant de les diviser par 5, tout en économisant du carburant.
>Nous ne pouvons attendre, laisser rouler les vieilles voitures diesel pendant encore 20 ans en attendant les véhicules électriques pour tous
>Les marchés publics doivent prendre en compte le coût de leurs achat sur la durée de vie d’utilisation et non seulement le prix de vente comme actuellement
>Exemple : un bus électrique bien que plus cher à l’achat, économise 400.000 dollars sur 10 ans d’utilisation versus un bus diesel
>L’administration et la bureaucratie doit changer pour permettre à la politique d’avancer : beaucoup d’immobilisme, de complaisance, de paralysie d’habitude sur des dizaines d’années de fonctionnement ; Il faut montrer les avantages de changer
>Des ‘success stories’ montrent que ça peut changer : Par exemple, le « rétrofit » des voitures diesel électrique a cessé d’être interdit en France
>A noter que la voiture avec batterie ne suffit pas – elle doit pouvoir stocker l’énergie intermittente du soleil ou du vent pour la restituer quand il y a des pics de consommation. Aujourd’hui les chargeurs électriques n’en sont pas capables ; des changements administratifs sont nécessaires
>La victoire se fera avec l’industrie pétrolière en se diversifiant sur les énergies propres (électricité, l’hydrogène..) aussi grâce aux taxes carbone
>Les gouvernements peuvent prendre les solutions adaptées à leur situation: la Pologne, bien que fonctionnant au charbon, peut travailler à l’adoption des solutions efficientes dans son industrie ; l’Arabie saoudite installe beaucoup de solaire
>Le « greenwashing » est un risque si la contribution de chacun n’est que symbolique
>Des signes encourageant: Total, Shell et BP qui sont en train de réduire drastiquement leur production de pétrole pour faire beaucoup plus d’énergies renouvelables ; le pétrole devient un actif « pourri » (junk) dans les portefeuilles des investisseurs qui s’en débarrassent
>Le prix du pétrole augmente car les énergies fossiles sont plus chères que les énergies renouvelables, créent une dépendance de pays menaçant qui spéculent sur les sources d’énergie, asphyxiant les gens en les rendant plus vulnérables
>les énergies renouvelables sont sur place, locales et indépendantes de l’étranger, un meilleur contrôle du coût de l’énergie ; une résilience
>Dans la bonne direction, mais beaucoup trop lentement. Nous voulons accélérer le mouvement, l’implantation des technologies propres.
>En Europe aujourd’hui, un état de dépendance énorme vis à vis des batteries et vis à vis des terres rares (qui ne sont pas rares mais juste diluées)
>L’Europe veut donc gagner sur la marché de l’hydrogène parce qu’elle a perdu celle des batteries ; l’Europe a investi massivement dans l’hydrogène
>Les sites d’extraction de matières premières des énergies renouvelables doivent se régler sur un plan écologique, et sur le plan des droits humains (travail d’enfants). c’est faisable.
>Devenir plus ciblé, plus propre, plus efficient nécessite effectivement d’extraire encore un petit peu, mais beaucoup moins
>L’aviation commerciale pourrait être, par décision administrative, neutre en carbone demain matin.
>L’aviation peut réduire 20% des émissions de CO2 en utilisant des nouvelles procédures opérationnelles, des nouvelles technologies existantes aujourd’hui
>Pour les 80% restant, en attendant des avions propres qui seront prévus pour 2035, les biocarburants, l’hydrogène, l’avion électrique, les compagnies aériennes doivent agir, notamment par la compensation carbone (10-20€ par billet)
>LVMH s’est fixé volontairement à l’interne un prix du carbone, se forçant à être plus efficient.
>Pour faire bouger les lignes, il faut comprendre l’intersection des intérêts, et donc protéger l’environnement de manière rentable, sans empêcher de rendre les gens plus respectueux, d’éviter de gaspiller, de prendre conscience de la valeur des ressources qu’ils utilisent et des biens qu’ils consomment
>L’action de la Fondation Solar Impulse s’est axée sur ceux qui dirigent la planète et qui ont besoin d’arguments pour entrer dans cette révolution écologique dont on a totalement besoin.
Bertrand Piccard, né le 1er mars 1958 à Lausanne, est un psychiatre, explorateur et environnementaliste suisse. Il a réussi, avec le pilote britannique Brian Jones le premier tour du monde en ballon en 1999. À bord du ballon, un Breitling Orbiter 3 et un Codéveloppé et a piloté l’avion solaire Solar Impulse, avec lequel il a réalisé un tour du monde de mars 2015 à juin 2016. Et puis, il est fondateur et président de la Fondation Solar Impulse.
Les Génies de la Planète (@geniesplanete ou www.geniesdelaplanete.com), ou l’écologie par les créateurs de solutions propres, est un blog + podcast résumant les principales idées ou solutions propres de ces génies, scientifiques ou entrepreneurs, œuvrant pour la préservation écologique de notre planète
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