Pas de résultats concrets sans argent – dans le podcast Exponential View, Michele della Vigna, qui dirige la recherche économie carbone chez le grand financier Goldman Sachs nous explique sa vision et par voie de conséquence la préparation de la finance internationale à répondre aux enjeux du réchauffement climatique.
L’économie carbone vue par Michele della Vigna chez Goldman Sachs, voici les principaux messages résumés ici >
En préambule, une définition à retenir: « Le prix du carbone est un outil économique destiné à intégrer (internaliser) dans les prix de marché les coûts cachés (externalités) des dommages causés par les émissions de gaz à effet de serre, afin d’orienter les décisions des agents économiques vers des solutions à bas contenu en carbone. La forme la plus simple sous laquelle peut se matérialiser le prix du carbone est la taxe carbone ; une forme plus complexe est le système de quotas carbone (ou droits d’émission) qui peuvent s’échanger sur un marché du carbone »*
+ Le focus est sur la décarbonisation de l’économie, atteindre « net-zéro » carbone efficacement économiquement ou financièrement, l’efficacité des technologies innovantes en la matière
+ L’objectif est d’évoluer vers une augmentation maximum des températures terrestres entre 1,5 à 2 degrés Celsius, un scenario ambitieux mais nécessaire
+ Comprendre l’objectif net-zéro à 1,5 degré, c’est 500 Giga tonnes de budget émissions net-carbone/CO2 ; alors que 2 degrés, c’est 750 Giga tonnes, 50% de plus ; un effort bien diffèrent
+ 3 leviers possibles : le marché de capitaux, le consommateur, la politique/législation mondiale (prix carbone)
+ Le marché des capitaux marche à plein pot aujourd’hui sur la question
+ En revanche le consommateur manque de transparence ; l’achat en calories lui est indiqué, non son empreinte carbone
+ La politique et les législations avancent mais manquent de coordination
+ Le marché des capitaux a évolué : il y a 10 ans, un coût de capital de 8 à 10% équivalent pour le projets pétrole, gaz ou les énergies renouvelables (ENR) ; aujourd’hui les projet pétrole sont à 20%, et les ENR entre 3 à 5%. Ceci montre une grande différence, un changement de l’allocation de capitaux
+ Les ENR ont reçu le plus d’investissement dans l’énergie dans le monde cette année et dans l’histoire
+ Les investisseurs estiment le coût carbone entre 80 et 100 dollars par tonne aujourd’hui, alors que le prix moyen mondiale est à 5 dollars aujourd’hui ; un multiple de 20 est appliqué sur le long terme
+ Le coût du capital élevé sur les projets pétroles s’explique par l’anticipation d’une moindre demande de pétrole dans un contexte net-zéro carbone ; seul les projets les plus rentables passent
+ Comme limite, le marché des capitaux impacte seulement l’offre, et non la demande/consommation dont l’impact ne peut venir que de nos gouvernements ou du prix carbone
+ Un risque politique : l’offre et la demande pouvant être disjointes, le risque réside dans la réduction de l’offre pétrole sans changer le niveau de sa demande, provoquant un manque en énergie, une augmentation des prix pétrole pendant la transition, une potentielle accélération d’une transition énergétique, des turbulences sur la base d’une réduction temporaire du pouvoir d’achat.
+ Le besoin d’une transition ordonnée nécessite de continuer d’investir par exemple dans le gaz naturel
+ Le marché mondial prix carbone à seulement 5€ en moyenne : le 3/4 du carbone n’est pas taxé ou n’a pas de prix (à zéro), un marché non coordonné et encore régional, sans mécanisme d’ajustement à la frontière pour une équité mondiale, une des clés
+ Les USA sont problématiques : des consommateurs avec forte emprunte carbone, très couteux à décarboner/taxer, une redistribution de la taxe carbone possible mais politiquement compliquée
+ Problème de redistribution entre pays riches avancés sur la décarbonisation et les pays pauvres/moins avancés mais pouvant décarboner pour moins cher ; un cadre est nécessaire pour partager le cout de réduction des émissions;
+ Par exemple comment l’Union Européenne peut-elle partager/contribuer à la reforestation du Brésil , encore peu cher en prix carbone (10 dollars/tonne) ?
+ Une initiative intéressante : le marché volontaire de la compensation carbone, permettant par exemple de financer des projets vers les pays émergents
+ Les entreprises pétrolières doivent évoluer vers les ENR, incluant les essences bio ou de déchets, le recyclage, l’hydrogène, la captation carbone
+ Le clé est de développer un écosystème, une économie circulaire incluant les ENR, l’hydrogène, la captation carbone, afin que toutes ces technologies travaillent ensemble pour décarboner l’industrie, le transport, l’agriculture, le bâtiment ; cela pourrait prendre 3 décennies
+ Les grandes entreprises pétrolières et leur intégration ont des atouts dans cette transition
+ Des surprises sont à attendre de l’innovation technologique qui est par nature incertaine
+ Devant être incitées, les technologies comme la captation carbone, l’essence synthétique (hydrogène+ captation carbone), la fusion (évitant les déchets nucléaires) ne sont pas prêtes mais doivent se préparer pour leur application en 2030 ou 2040
+ Pas décroissance prévue de la part du Nucléaire dans le mix énergétique, sans prise en compte de la nouvelle technologie de fusion toujours au stade de recherche ; mais ça peut changer compte tenu de la dynamique
+ La production nucléaire prévoit tout de même de croître dans l’absolu sur la base du triplement de la demande prévue en énergie (mobilité, industrie) ; sans grand support des gouvernements actuels
+ Attention au solaire / éolien qui sont intensifs dans l’utilisation d’espace ; une limite
+ Le réseau énergie d’avenir ENR, davantage multidirectionnel, aura besoin d’investissements estimés à 56 mille milliards pour remplir l’objectif net-zéro en infrastructure (hardware, stockage) mais aussi dans son organisation (process, logiciel, digitalisation)
+ 56 mille milliards dollars ? c’est environ 2-3% du PNB mondial en 2030, substantiel mais possible, similaire au montant l’urbanisation des BRICS au siècle dernier. Ce chiffre inclut seulement les investissements en infra, non les dépenses d’exploitation ou la maintenance
+ Mobiliser ces capitaux nécessitera une législation claire et stable ;
+ L’incertitude législatif actuel a mené les secteurs miniers, transport ou énergie à réduire leur investissement de 40% par rapport à la dernière décennie. Un manque à gagner.
+ Dans un contexte de croissance des prix de l’énergie, une stabilisation des coûts du solaire et de l’éolien aujourd’hui après une inflation importante à 70-90% ; ralentissement du coût des équipements, 1/3 de l’inflation étant expliqué par réduction du coût de capital
+ Les contrats d’achat d’électricité à long terme sont nécessaires pour les plus petit acteurs, les grands groupes pouvant utiliser leurs capitaux
+ La réduction carbone potentielle dans l’industrie ou la construction est complexe mais prometteuse à grande échelle ; il s’agit d’électrification, d’hydrogène pour l’industrie à haute température (acier), de nouvelles usines/ process chimiques (ciment), la captation carbone et son stockage, une réglementation stable, une coordination entre industries, une innovation technologique
+ Concernant le plastique (polymérisation), il faudra compter sur de nouveaux process efficaces propres ainsi que de nouveaux matériaux bio ou naturels, du recyclable (pyrolyse), des produits alternatifs (packaging papier)
+ Le besoin d’une approche agnostique concernant les technologies à adopter, laissant l’innovation faire son chemin sans contrainte gouvernementale
+ L’innovation carbone net-zéro bénéficie d’un engagement politique, d’un engagement du marché, d’un engagement du marché des capitaux ; besoin d’une réglementation stable et mondialisée afin d’assurer une rentabilité future des projets
+ Le prix carbone est un système de régulation efficace, même si d’autres législations peuvent exister ; l’hydrogène propre a besoin d’un prix carbone à 100-200 dollars/tonne pour être économique. Trop élevé ? l’Europe est en effet à 80€.
+ Cependant des législations existent sur la base d’un prix carbone plus élevé, les mélanges essence aviation à 700 dollars/tonne , le véhicule électrique entre 500 et 1000 dollars, le solaire en Allemagne il y a 10 ans à 1000 dollars
+ Plusieurs types de prix carbone direct et indirect sont nécessaires pour comparer les nouvelles technologies
+ L’industrie comporte un risque politique plus fort : plus abstrait pour le consommateur/public, il est plus facile d’expliquer la voiture électrique qu’un système de captation carbone dans une usine de ciment ou l’implantation d’hydrogène dans la production d’acier
+ Avant la COP26 ; une espérance d’engagement sur un marché de compensation carbone, sur une décarbonisation sur la base d’un réchauffement de 1,5 à 2 degrés, et surtout sur une meilleure information des consommateurs sur leur empreinte carbone
*source : wikipedia prix carbone
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