> Les idées du Professeur Scrivener sur l’empreinte carbone du béton construction

Le béton avec son principal composant le ciment est le 2ème plus gros émetteur de gaz à effet de serre ou carbone (après les transports en France). Dans le podcast « Structural Engineering channel”, le Professeur Karen L. Scrivener, de la Swiss Federal Institute of Technology à Lausanne (EPFL), une experte reconnue en chimie du ciment et la science des matériaux-ciment nous donne sa vision sincère du sujet, n’oubliant pas de nous indiquer des solutions ‘concrètes’

Professeur Scrivener - empreinte carbone du béton construction

Voici les principales idées du Professeur Scrivener sur l’empreinte carbone du béton construction résumées ici >

+ Anciennement chez Lafarge en R&D, le Professeur Scrivener a le privilège  rare mais essentiel de lier le milieu académique et le privé

+ L’opportunité de travailler sur le verdissement du béton Il y a environ 10ans partie d’un constat d’abandon de l’innovation et recherche depuis plus de 20 ans dans le  secteur ciment/béton, aussi d’un manque de connaissance scientifique dans le privé

+ Aujourd’hui la recherche à ce sujet est davantage stratégique : le professeur est notamment à l’origine du réseau scientifique et de l’équipe recherche ciment/béton Nanocem, aujourd’hui intégré au sein de l’INNOVANDI / GCCA (Global Cement Concrete Alliance)

+ La solution actuelle la plus ‘verte’ ciment nommé « LC3 » : ses recherches à ce sujet ont commencé vers 2006 lors d’une prise de conscience plus mondiale sur le sujet

+ L’essentiel est de prendre en compte les principales contraintes à une adoption massive de la solution , bien que le marché après analyse n’offrait pas de solution ‘miracle’

+ Une solution viable doit intégrer le monde : Le béton le 1er matériau produit dans le monde, 40Mds tonnes par an, 90% dans les pays émergents ou en développement, EU+USA à moins de 10% 

+ Une solution doit aussi intégrer la contrainte de la composition de la planète : la surface de la terre est à 98% composée de seulement 8 éléments : oxygène, silicone, aluminium, ion, calcium, sodium, potassium, magnésium

+ La quantité très importante de béton ne peut se baser sur les autres 2% de matériau disponible, et doit prendre en compte ces 8 éléments disponibles pour être viable

+ Une nécessaire prise en compte du fonctionnement actuel du ciment, de ses procédés (de l’eau, température ambiante, une dissolution, une précipitation)

+ Ses propriétés et contraintes ont amené à la solution du ciment « LC3 », des 3 oxydes : oxyde de calcium, oxyde d’aluminium, dioxyde de silicone

+ Le ciment Portland, classique aujourd’hui, n’offre pas aujourd’hui de meilleures propriétés : sa réduction de CO2 permise par l’utilisation de cendres (charbon), de déchets (laitiers haut fourneau) qui ont une production de toute façon limitée

+ La meilleure solution ou le meilleur substitut est l’argile (calcinée, à 800 dégrés pour devenir réactif)

+ La découverte de la solution ciment « LC3 » : l’argile ‘calcinée’ ajouté au calcaire (permettant la réaction de l’aluminium dans l’argile) offre un production possible très importante grâce à la disponibilité de ses ressources (8 principaux éléments)

+ Remplacer 50% du ciment Portland par du ciment « LC3 » (argile calcaire) permet aussi une plus forte et rapide solidification (de 28 jours à  une semaine), et d’autres avantages / améliorations (résistance à la pénétration de chlore)

+ Le ciment « LC3 » est à l’aube d’une croissance exponentielle : une part de marché substantielle dans 5 à 10ans

+ Le ciment « LC3 » actuellement en test sur le terrain : en Inde, 50 pays y travaillent, l’année dernière 2 nouvelles usines de production en Colombie et Cote ivoire, plusieurs entreprises pilotes en Europe, 3 projets aux USA

+ Le ciment « LC3 » : une réduction des émissions carbone d’environ 40% au global

+ 60% du Co2 dans la production du ciment  Portland  provient dans la production de ‘clinker’ (farine ciment) des 80% de calcium qui hautement chauffé fournit l’oxyde de calcium nécessaire tout en rejetant le CO2 dans l’atmosphère

+ Remplacer le calcium par l’argile calcinée offre 2 avantages : 1) une température de chauffe plus basse (de 1400 à 800 degrés), 2) évitement de la décomposition du calcaire, une réduction de 850 à 200 kg CO2 / tonne de clinker/ciment

+ L’argile, devant contenir au moins 40% de « kaolin » nécessaire est suffisamment accessible malgré différences géographiques, y compris en Californie, un terrain majeur de l’innovation

+ La couleur rouge (de cette argile) provenant de l’oxyde d’ion n’est pas un sujet et peut être gris en fonction du procédé d’oxydation utilisé

+ Les autres ciments alternatifs comme le CSA ou Géopolymère sont loin d’apporter une solution aussi bénéfique que le « LC3 »

+ Le ciment CSA (Calcium Sulfate Aluminium) peut sembler intéressant avec moins de calcium nécessaire, donc moins de CO2 émis ; son problème est son grand besoin en minéraux, d’aluminium (vs silicone) qui n’est pas disponible à grande échelle

+ La ressource potentielle nécessaire au CSA est par exemple le Bauxite, un élément rare dont 10 pays détiennent 90% des réserves

+ CSA : tout le bauxite disponible serait nécessaire pour couvrir 10% de la demande en ciment dans le monde, tout en étant plus couteux et moins robuste

+ CSA : une réduction carbone de 20-30% versus 40% pour le LC3

+ L’autre ciment dit Géopolymère est une impasse malgré  les enormes ressources (Mds €) engagées dessus tout en ne produisant aucune avancée depuis plus de 50ans

+ Géopolymère : son utilisation de cendres et déchets à haut niveau de calcium ne pourra produire que 8% du volume nécessaire au ciment demandé sachant que 90% est déjà utilisé au ciment / béton

+ Géopolymère : aucune réduction CO2 supplémentaire possible, une possible augmentation CO2 avec les activateurs (Alkali) nécessaires aussi plus couteux et difficile à manier

+ Géopolymère : une mauvais jugement technique du capital risque

+ La solution d’absorption CO2 par des bactéries est encore pire (comme par les coraux): besoin d’oxyde de calcium qui ne peut se produire qu’en décomposant le dioxyde de calcium, produisant du CO2 – aucun intérêt et contreproductif

+ Le ciment « LC3 » permet aussi une production moins couteuse ; une adaptation surmontable

+ Le principal obstacle est l’inertie de l’industrie ciment « conservatrice »

+ Une usine ciment, produisant 10 mille tonnes de ciment / jour, est difficile à arrêter ou changer ; 7 ans de test actuel (Inde, Suisse et autres) est rapide dans cette industrie) ; une croissance exponentielle aujourd’hui prévisible

+ Le ciment « LC3 » peut faire économiser 400 Mds de tonnes CO2 par an, 1% du CO2 mondial > une centaine d’idées de cette nature suffisent à résoudre notre problème d’émissions carbone planétaire

Karen Louise Scrivener est une chimiste des matériaux connue pour ses travaux pionniers dans le domaine des matériaux à base de ciment. Elle est directrice du Laboratory of Construction Materials à l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Elle a été rédactrice en chef de la revue Cement and Concrete Research pendant 15 ans.

Les Génies de la Planète (@geniesplanete ou www.geniesdelaplanete.com), ou l’écologie par les créateurs de solutions propres, est un blog + podcast résumant les principales idées ou solutions propres de ces génies, scientifiques ou entrepreneurs, œuvrant pour la préservation écologique de notre planète

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