Les scientifiques ou les entrepreneurs doivent se confronter à la réalité des données, des faits ou des résultats. Nous écoutons ici l’entretien d’un entrepreneur, Thierry Lepercq, notamment fondateur de Solaire Direct, et qui nous parle de ses convictions sur le future de l’hydrogène dans le podcast réalisé par le Greenletter Club >
Les convictions de Thierry Lepercq sur le future de l’hydrogène, voici ses principaux messages résumés ici >
+ Le solaire permet de produire de l’énergie avec de l’électronique (silicium), ce qui diffère de toutes les autres sources d’énergie qui sont mécaniques
+ Le remplacement des énergies fossiles se poserait même sans l’enjeu du réchauffement climatique, ces énergies étant finies/ limitées, même si elles sont encore très abondantes
+ Le monde n’a plus le temps pour réduire ces émissions de gaz à effet de serre, une réduction nécessaire estimée à -7.6% par an pendant 10 ans (-85%)
+ Ces émissions proviennent essentiellement des énergies fossiles, 36Mds de CO2, (charbon, gaz, pétrole)
+ La solution doit être à l’échelle > pétrole à remplacer : 100mln de barils jour pour 7Mds de personnes
+ L’électricité représente 20% des besoins mondiaux en énergie : monter à 50% par les énergies renouvelables (ENR) ne résoudra pas le problème
+ La sobriété énergétique est nécessaire mais une fausse bonne idée – l’énergie est partout, nous ne pouvons pas réduire 85% de notre consommation.
+ Un exemple : réduire le voyage en avion qui ne représente que 1.5% des émissions, c’est courir après des solutions qui ne sont pas à l’échelle.
+ Traiter le problème à l’échelle par la frugalité, c’est-à-dire une réduction de 100mln de barils jour, c’est arrêter de manger …
+ Le nouveau pétrole ? l’hydrogène est la plus abondante des ressources, 1 litre d’eau équivaut à ½ litre d’essence ; l’océan est là, l’hydrogène est donc une source d’énergie infinie
+ La production d’hydrogène demande de l’eau et électricité ; avec l’eau disponible, nous avons l’énergie solaire qui offre une ressource 10mille fois supérieures à notre consommation énergétique ;
+ Ces 2 ressources (eau+solaire) sont infinies, assez largement distribuées ; il suffit de se baisser pour la prendre ; la question est comment ?
+ Pour produire de l’hydrogène, l’eau doit être dessalée, ce qui ne coute que 3% du prix du baril de pétrole
+ Alors que le pétrole se trouve à l’état naturel, l’hydrogène est à produire par l’électrolyse, un procédé très simple. Jules Verne en parlait déjà au 19ème
+ L’hydrogène offre les mêmes qualités que le pétrole (transport, chauffage…) ; Paris au 19ème se chauffait déjà à l’hydrogène , par le ‘gaz de ville’ (50/50 hydrogène/ monoxyde de carbone)
+ Le remplacement du pétrole ou charbon par l’hydrogène est possible dans toute l’industrie, chimique, sidérurgie, engrais …
+ Nous pouvons transformer les centrales à gaz ou charbon en centrales d’hydrogène, sans changer les infrastructures « mid-stream » et « downstream »
+ Les structures existantes, gazoducs, stockages, centrales…permettant une transformation très rapide et massive. L’hydrogène s’impose donc.
+ Les US ont déjà transformé leurs centrales à charbon en centrales à gaz ces 20 derniers années
+ Ces transformations par la réutilisation des infrastructures offre l’avantage de ne pas menacer les emplois existants, ce qui offre un avantage politique
+ Aujourd’hui 90% est de hydrogène gris, c’est à dire produit avec de l’énergie fossile ; il est donc polluant. Passer à l’hydrogène vert (sans énergie fossile) est une bataille de coût ;
+ Il est nécessaire de partir des prix de marché et doit pouvoir concurrencer les prix de l’énergie fossile et donc viser 15 dollars le MW, 3 fois moins que les prix de gros de l’électrique, 8 fois moins que le nucléaire nouvelle génération.
+ Ce niveau de prix du 15 dollars est celui du solaire aujourd’hui, le niveau des dernières appels d’offre actuels y compris en Europe, notamment en Espagne et au Portugal
+ La France ne peut pas produire d’énergie solaire en quantité suffisante, et devra donc en importer ; la France importe déjà son pétrole/énergie, 69% de sa consommation aujourd’hui ; le nucléaire ne représente que 17%
+ La France devrait préférer importer des pays voisins, amis et démocratiques en Europe; le pétrole vient souvent de pays non démocratiques et hostiles
+ Le solaire peut venir de la péninsule ibérique, l’éolien de la Scandinavie ; l’Europe s’est fondée sur l’énergie il y a 70 ans
+ Les ENR peuvent produire en quantité suffisante afin de fournir massivement nos besoins. En Espagne, la production solaire autorisée en 2 ans est passée de 1GW à 101 GW, environ 1,5 fois le parc nucléaire français ; c’est le début.
+ Le solaire peut venir d’Europe du sud ou d’Afrique du nord ; 0.5% de la surface de ces régions couvrirait les besoins ; c’est à notre porte, il faut avoir une vision européenne et méditerranéenne
+ Bien que l’éolien soit passé 200€ /MW à 40 €, il n’atteint pas les 15€ nécessaire, surtout avec le surcoût de l’offshore. L’éolien onshore plus prometteur sur les zones non habitées de l’Europe du nord.
+ Charge ensuite à la France de développer une filière industrielle autour de l’hydrogène et les ENR, pour ne pas être simplement importateur de ressources mais bien être un acteur
+ Les ENR représentent aujourd’hui 1 ou 2% dans le mix énergétique ; cependant le solaire est aussi la 1er source de nouvelle production mondiale, l’éolien la 2ème
+ Le solaire, c’est 100GW installés l’année dernière dans le monde
+ La France, représentant seulement une part de 0,7% dans le solaire mondial, est en retard; elle a cessé d’exister dans ce secteur alors qu’une grande transformation est en cours dans le monde. Attention
+ Sur les fossiles, le pouvoir était à ceux qui possède la ressource ; sur la technologie de l’information, les US et la chine possèdent la technologie et la commande
+ L’Europe est leader sur l’hydrogène
+ Sur l’hydrogène, la puissance ne vient pas de la ressource, ni de la technologie qui n’est pas très différenciante (électrolyseur)
+ La puissance sur l’hydrogène vient plutôt de la compagnie municipale d’électricité, son réseau, l’eau étant abondante et partout ; les collectivités détiennent l’eau, ses réseaux, les contrats de concession étant sa force.
+ Ce sont des régies publiques, des coopératives en France ou Allemagne, un modèle européen qui peut être exporté
+ La gouvernance est la clé, une produit fort en Europe, un nouveau modèle de civilisation énergétique plus indépendant
+ En France, il existe des entreprises locales de distribution, représentant environ 5% d’électricité fournie aujourd’hui ; c’est un modèle d’avenir
+ Parc hydrogène voiture > aujourd’hui moins 10k véhicules, un non-marché surtout face à la voiture électrique qui arrive à parité avec l’essence
+ Quand l’hydrogène deviendra moins cher que le diesel les constructeurs pourront s’y mettre. Le platine ou les métaux rares nécessaires à la pile à combustible en voiture ne sont pas le problème compte tenu de la faible quantité utilisée.
+ L’hydrogène (molécule très fine) n’est pas plus dangereux que la gaz naturel, ses risques sont limités, maitrisables pour le manipuler avec prudence, et donc proche de zéro
+ Les métaux rares ou ressources minières ne sont pas une réelle contrainte. L’hydrogène sera essentiellement brulé directement sans besoin de pile à combustible
+ Pour le solaire, l’argent ne représente que 0,001% de la masse d’une cellule photovoltaïque et peut être remplacé par le cuivre ; il utilise plutôt le silicium dont sa quantité est quasiment infinie
+ L’éolien nécessite cobalt ou lithium dans ses batteries, et dont la demande minière est moins importante que prévue, provoquant une baisse des prix
+ L’hydrogène marche déjà techniquement ; c’est la question de sa disponibilité, de l’utilisation du réseau de gaz existant ; Il arrive à très court terme ; une révolution
+ Exemple d’un projet actuel Français pour remplacer le fioul lourd des cargos, transport maritime, 1Mds d’investissement
+ Une opportunité de réindustrialisation de nos territoires, sans subvention afin d’être pérenne et compétitif mondialement
+ L’enjeu est aussi l’engagement de la finance mondiale sur cette question, investir massivement pour transformer les plus grands réseaux existants et à grande échelle, pour permettre la transformation nécessaire massive et radicale (transport de gaz, stockage …).
+ Il faut compter sur une basculement des acteurs historiques ; les valeurs pétroles s’effondrent déjà (-85% )
+ La France a besoin d’un électrochoc surtout au regard de ce qui se fait déjà en Europe. Cette année, lancement du grand projet européen 30Mds (IPCUI), le Green Deal Europe
Thierry Lepercq est entrepreneur dans les technologies de rupture et de l’énergie. Il a créé plusieurs entreprises dont Solairedirect, acteur mondial de l’énergie solaire. Directeur général adjoint d’Engie, en charge de la recherche, la technologie et l’innovation, jusqu’en 2018, il a récemment créé Soladvent, pionnier de l’hydrogène vert compétitif. Conférencier, il intervient partout dans le monde, sur les questions d’énergie, de climat et de prospective. Il est l’auteur d’Hydrogène, le nouveau pétrole (2019).
Les Génies de la Planète (@geniesplanete ou www.geniesdelaplanete.com), ou l’écologie par les créateurs de solutions propres, est un blog + podcast résumant les principales idées ou solutions propres de ces génies, scientifiques ou entrepreneurs, œuvrant pour la préservation écologique de notre planète
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