Le bâtiment étant le plus grand émetteur d’émission carbone après les transports, dans ce podcast les « Archiculteurs », nous en apprenons davantage sur les solutions possibles des matériaux biosourcés comme le bois ou bien le béton végétal utilisant la paille céréale, le chanvre, ou le tournesol entre autres
Nous recueillons ici les principales idées de spécialistes sur la question comme Olivier Gaujard, ingénieur bois fondateur de la SCOP Gaujard Technologie, Mathias Bonneau, bucheron et architecte, Noel Solsona, fondateur de la société Calyclay, Stephane Robert, charpentier de la coopérative Cabestan, et Caroline Grellier, designer en matériaux biosourcés
Les matériaux biosourcés, voici les principaux messages résumés ici >
D’après Olivier Gaujard, ingénieur bois fondateur de la SCOP Gaujard Technologie, et Mathias Bonneau, bucheron et architecte :
+ La filière bois est controversée compte tenu du temps long nécessaire à sa ressource
+ La construction bois versus le béton est en fait moins cher si prise en compte de la performance technique globale de son cycle de vie, l’énergie grise contenue, les économies d’énergie
+ La forêt ou sa ressource bois pousse à réfléchir de manière global en écosystème (besoin, structure, ressources) ; il faut partir de la ressource disponible localement
+ Un traitement global demande de regrouper le traitement des propriétaires, bucherons, scieurs, usines, intermédiaires et les utilisateurs finaux ;
+ Cette proximité avec la chaine de valeur et ses personnes amène davantage de liberté / satisfaction ; La coupe raisonné pour une utilisation connue et souhaitée
+ La forêt n’a pas besoin d’être propre mais accessible pour traitement raisonné ; une coupe n’est pas gratuite ou anecdotique et doit servir la forêt (arbre gênant les autres)
+ La sylviculture doit être à couvert continu respectant les valeurs de son écosystème (ex : important d’avoir des arbres au-dessus des autres)
+ En France 55% de la forêt est feuillu, 45 % résineux, alors que 95% construction utilise le résineux
+ Le bois construction doit s’intéresser au bois disponible et donc aux autres variétés que les résineux
+ La limite ‘industrielle’ du feuillu est due à sa structure, un tronc moins régulier de plus gros diamètre moins que le résineux, une structure cellulaire différente
+ L’industrie se focalise donc sur le résineux, mécanisable (process standardisé), moins cher, impactant la sylviculture ou la nature de la forêt ; hors la ruée actuelle sur le résineux de type douglas est effrayante
+ Le bois est aussi de meilleure qualité si âgé (gros cœur de tronc) ; hors il lui faut 100 ans
+ le contraste entre les courtes fluctuations des marchés et le traitement long terme de la forêt ne peut pas marcher
+ Le marché a évolué de la pâte à papier, fourni par le pin épicéa, vers le bois construction, fourni par le pin douglas ; hors les champs existants d’épicéa ne peuvent d’adapter aussi vite
+ Le prix du pin Douglas fluctue plus vite que sa production ne le peut
+ En France, le feuillu est disponible en filière courte (transport court), ce qui est moins possible pour le résineux
+ Les maisons colombage du moyen âge comportait davantage de chêne ou châtaigner que de sapin
+ Les solutions existent pour travailler le feuillu mais elles sont plus compliquées, l’investissement ou l’effort nécessaire est plus important
+ Le cycle forestier se compte sur un siècle ; privilégier une sylviculture à futaie irrégulière, une forêt qui se régénère en permanence, les coupes seulement aux âges récoltables
+ La vision de la forêt industrialisable des 30 glorieuses, une foret récoltée tous les 80 ans, aura permis de se rendre compte l’aberration écologique
+ Exception faite de forêt de Gascogne, créée au 19ème pour une agriculture dans monde où le bois était partout (mines, lignes téléphonique, chauffage, construction…)
+ Les autres régions comme le Jura, les Vosges, les Alpes ont des forêts traditionnelles dites jardinées, à différent étages, récoltées selon maturité, des coupes d’éclaircies tous les 40 ans sans toucher au feuillus
+ L’export de beau bois feuillu ‘de luxe’ vers la Chine ne durera pas ; une prise de conscience locale de leur valeur
+ Le risque sur nos forêts vient surtout du changement climatique (changement de température, humidité des sols) ; le pin sylvestre va souffrir, probablement remplacer par le cèdre ou le pin d’Alep
+ Le bois ne pourra servir qu’un maximum de 30 % des besoins sur la construction , 70% sur le reste avec d’autres matériaux, comme le béton décarboné ou autres matériaux
+ Le matériau de la « paille porteuse » n’a aujourd’hui permis de construire des R+3 au plus haut ; problème de tassement de la paille dans le temps
+ Avantage du cycle de renouvellement annuel de la paille versus 80 à 120 ans pour le bois
D’après Noel Solsona, fondateur de la société Calyclay, spécialisée dans l’application d’enduits terre et chaux sur support biosourcé :
+ 15 ans découverte sur de la construction paille ; le choix de construire en matériaux biosourcés est aujourd’hui obligatoire
+ Un manque de granulat (gravier, sable…) nécessaire à la production de béton ; une pénurie de sable encore plus grande que le bois
+ Un besoin de béton avec granulat végétaux ; le sable demande des millions années alors que le végétal ou la paille met un an, 30 ans voir un siècle pour le bois
+ Une ressource disponible : 70% de la paille est aujourd’hui traitée en déchet (20% pour les sols, 10% usages diverses)
+ Le cycle peut aussi évoluer pour augmenter sa ressource paille disponible > passer de la paille courte de type céréale courte pour revenir à la traditionnel paille longue, doublant le volume
+ Une opportunité d’associer la paille aux autres matériaux biosourcés comme la terre, argile ou plâtre
+ L’utilisation du chanvre est une porte sur le béton végétal ou bio sourcé ; cependant le chanvre n’est pas une ressource abondante et manque déjà (délai livraison 6 mois aujourd’hui)
+ La technique du béton biosourcé est néanmoins génial : un liant (chaux, terre) + un agrégat végétal (chanvre, miscanthus, tournesol, paille de lavande ou autre) > l’innovation est ici
Stephane Robert, charpentier éco-constructeur au sein de la coopérative Cabestan :
+ Il existe plein de fibres végétales intéressantes > faire reconnaitre la paille, chanvre, le bal de céréale…
+ La paille est la reine des fibres tout en restant un sous-produit de l’agriculture : une opportunité
+ Pourquoi ne pas utiliser les déchets agricoles existants, le balle de céréale ou le tournesol ayant une meilleure performance thermique que le chanvre qui est aussi en manque.
+ La seule menace sur la paille est la biomasse qui peut être en concurrence
Caroline Grellier, designer, ‘makeuse’ en nouveaux matériaux par la valorisation de déchets agricoles :
+ Expérience du réemploi des matériaux végétaux/déchets afin de révéler leur valeur
+ Exemple de la fibre d’artichaut disponible en Bretagne, fibre courte pour tissage, production de feutre en remplacement du chanvre, usine locale
+ Exemple du réemploi de 2 sous-produits du secteur viticole, notamment le sarment de vigne (petit bois taillé), et le lit de vin (déchet) pour la création de caisse de vins en sarment de vigne avec la lit de vins comme liant, évitant l’import de ses caisses en bois
+ Faire face aux freins des acteurs en place sur l’utilisation des matériaux non connu dans leurs machines ; question de l’échelle, des moyens, des règlementations
Conclusion :
+ Conception par Olivier Gaujard avec succès d’isolation de bâtiments scolaires en paille en répondant aux contraintes ERP par des essais techniques sur marquette ; les résultats disponibles gratuitement permettent à des architectes de construire sur cette base
+ La France est le pays avec le plus de bâtiments en paille dans le monde
+ Comment changer d’échelle tout en étant accompagné par les pionniers
+ La paille est un atout en tant que ressource disponible : 10% de la ressource paille en France suffit à couvrir tous les m2 neufs ou rénovés construits en France
+ Le bois ou sable manquera avant la paille
+ Les questions de la saisonnalité de la paille et de son format peuvent être traitees par les unités de sécurisation des approvisionnements en période de creux (Accort-paille) ou les usines à botte de paille (plusieurs projets à l’essai)
+ Les botteuses ou usines récentes produisent une botte grosse ou petite (37x 37) accessible facilement en Rhône Alpes par exemple; voire en fonction des régions
+ Pas de R&D par les botteuses / usines > comment financer l’innovation ? Le Collectif des filières biosourcées du bâtiment (CF2B) est active
+ La révolution est plutôt dans les têtes que dans les matériaux
Les Génies de la Planète (@geniesplanete ou www.geniesdelaplanete.com), ou l’écologie par les créateurs de solutions propres, est un blog + podcast résumant les principales idées ou solutions propres de ces génies, scientifiques ou entrepreneurs, œuvrant pour la préservation écologique de notre planète
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